À partir du 4 Juillet 2025
Bazaar St-So – Lille
Les fêtes sont des intervalles singuliers où la société se construit et se déconstruit. Ce sont de micro-utopies temporelles durant lesquelles les règles sociales sont momentanément suspendues, afin de laisser surgir de nouveaux rapports et de nouveaux possibles. Ces brefs instants de liberté ne sont pas aussi spontanés qu’on l’imagine. Ils se préparent et se mettent en place, parfois longtemps à l’avance, et se répètent comme autant de rituels nécessaires à la réinvention de nos sociétés.
Cette exposition se concentre sur ces dispositifs techniques et scénographiques qui participent à la mise en place de ces rituels festifs, d’une part. Et sur des œuvres visuelles qui captent ces moments singuliers de latence, entre leur fin et leur préparation, d’autre part. Elle porte sur les coulisses de la fête et une forme d’architecture que l’on retrouve aussi bien dans les théâtres, les discothèques et les grands festivals en plein-air. La singularité de cette architecture tient au fait qu’elle ne perpétue pas des relations de pouvoir, comme la plupart de nos bâtiments, mais fabrique des espaces de liberté. Cette architecture est discrète, d’une part parce qu’elle est éphémère, et d’autre part parce que sa vocation est de s’effacer au profit de l’événement.
L’exposition propose de révéler cette architecture de la fête en mettant en scène différents dispositifs destinés à fabriquer des atmosphères sonores et lumineuses propices à la perte de repère, à l’hallucination, à la transe, voire à l’extase. On pense aux enceintes acoustiques ou aux luminaires directionnels qui créent des effets de halos tout en gardant les lieux dans la pénombre. On pense aussi aux estrades, aux poutres légères et triangulées qui servent à porter les enceintes et les spots lumineux, aux guirlandes d’ampoules électriques, à la cabine du DJ, aux rideaux et aux cloisons sombres, couvertes d’une peinture noir mat qui contribuent à effacer les limites d’une pièce.
Lorsque la fête bat son plein, tous ces dispositifs sont invisibles car c’est le tourbillon vibrant des effets artificiels qui domine. Mais lorsque la fête s’interrompt, ils nous apparaissent nus et sincères, parfois touchants dans leur précarité. Ils constituent un paysage à la fois étrange et familier, une architecture qui peut sembler banale au premier abord, mais qui nous permet de pénétrer dans les coulisses du spectacle et de découvrir l’envers de cette magie éphémère qui transforme la fête en utopie.
L’exposition est conçue dans l’esprit d’une installation constituée de ces différents dispositifs et images. Elle vise à créer une expérience singulière de la fête, qui se situe à mi-chemin entre sa fin et sa préparation. Car ces deux moments se ressemblent : sommes-nous en train d’achever l’événement ou de préparer le suivant ? Sommes-nous à la fin d’une ère ou au commencement d’une autre ? En montrant que la fête n’est pas qu’un instant extatique mais un projet qu’il faut constamment reconstruire, cette exposition interroge nos rapports au temps et à nos sentiments de crise, en suggérant que la fin d’une époque est toujours le début d’une autre.
L’équipe sélectionnée pour représenter la France, à la 18e Exposition Internationale d’Architecture de La Biennale di Venezia 2023 (20 mai – 26 novembre 2023), a présenté son projet : « Ball Theater – La fête n’est pas finie / Ball Theater – The party is not over ». Le Théâtre Bola se présente comme une sphère légère et modulaire, projetée comme un laboratoire d’identités, dans lequel est assumée une dimension poétique et utopique qui questionne la notion de croissance.
https://www.georgistanishev.com/architecture
https://www.studiomuoto.com/studio/

Tony Regazzoni est né en 1982, dans le massif du Jura. Il est diplômé de l’École Nationale supérieure d’Art de Dijon (2005) et de l’École Cantonale d’Art de Lausanne (2006). Depuis plusieurs années, il s’intéresse particulièrement aux boîtes de nuit, ces espaces hétérotopiques aux architectures souvent batardes et aux décors grandiloquents, créés pour consommer la fête. Et s’interroge sur l’ambivalence de ces lieux de consommation qui ont malgré tout permis à des personnes éloignées des grands centres urbains de pouvoir avoir accès à une offre festive et des moments de sociabilité.
https://tony-regazzoni.net/
Thomas Lévy Lasnes est diplômé des Beaux-Arts de Paris, et a été pensionnaire de la Villa Médicis 2018-2019. Aquarelles de fête, fusains de manifestations, dessins érotiques de webcam, peintures à l’huile de la solitude urbaine, il aborde d’une manière classique les sujets les plus divers et les plus contemporains.
https://www.thomaslevylasne.com/
Née en 1989, Rebecca Topakian est une artiste franco-arménienne, diplômée de l’ENSP Arles. Ses recherches explorent les limites du médium photographique, entre rigueur documentaire et fiction poétique. Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions, en France et à l’étranger. Inspirée des oeuvres de Georges Bataille et de Maurice Blanchot sur la solitude, la communauté et la communion, Infra- tente de déindividualiser le sujet, qui perd son identité en fusionnant avec une communauté en état de transe.
https://rebeccatopakian.com/
Sam Chermayeff est architecte, designer et également enseignant. Il réalise des projets dans le monde entier. Il a suivi une formation en architecture à l’université du Texas à Austin et à l’Architectural Association de Londres. Sam est associé-fondateur et directeur du cabinet d’architecture June 14 Meyer-Grohbrügge & Chermayeff et Sam Chermayeff Office. Avec des bureaux établis à New York et à Berlin, ses studios travaillent sur un large éventail de projets axés sur le design, qui vont de grands immeubles résidentiels à Berlin, à plusieurs petites maisons dans New York, et des créations de meubles partout à travers le monde.
https://samchermayeffoffice.com/
Julie Hascoët (née en 1989, vit et travaille à Brest) mène un travail protéiforme qui déborde le cadre strict de la photographie pour embrasser les domaines de l’édition, de l’installation et des pratiques curatoriales. Diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie à Arles (2012), son regard se porte sur les territoires en marge et les formes générées par leur occupation, mêlant une approche poétique autour du paysage à une dimension humaine plus politique. Depuis 2013, elle est co-fondatrice et co-responsable de ZINES OF THE ZONE, plateforme itinérante dédiée aux formes auto-éditées du livre photo et dont le champ d’action se situe entre l’exposition, l’archive et le voyage. Depuis son installation à Brest en 2019, elle co-organise des fêtes, d’abord au sein du collectif Querelle (2019-2020) puis Ail Noir (depuis 2023). Son travail a récemment été récompensé par le Prix international Gabriele Basilico pour la photographie d’architecture et de paysage.
https://ddabretagne.org/fr/artistes/julie-hascoet/oeuvres
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